dimanche 15 juin 2014

Etre une balance... et stopper le harcèlement.

Lorsque l'on vit un enfer dans le système scolaire, lorsque l'on vit le harcèlement moral, la question de la culpabilité se pose. Non, une victime de harcèlement à l'école ne peut en rien être responsable du comportement d'autrui. Le responsable d'une agression est le responsable d'une agression, l'agressé(e) ne peut en rien être désigné coupable de ce qu'il a subi. Si l'on revient sur ce sujet aujourd'hui, c'est parce que l'on remarque que les harceleurs jouent avec la culpabilité de la victime, qui pense qu'elle mérite ce qui lui arrive. Or, ce n'est absolument pas le cas.

Briser le silence constitue une réelle solution pour sortir de cet enfer, mais ce n'est pas dans l'intérêt des harceleurs. Alors ceux-ci utilisent des techniques, comme dire à leur souffre-douleur, s'il vient d'aller dénoncer un ou plusieurs de ses bourreaux : "Mais t'es une balance!". Ils se protègent ainsi. Si le silence continue, alors ils continueront de s'acharner sur la cible de leurs moqueries/brimades. Tandis que, si celui-ci décide de briser le silence et de dire enfin stop, et de mettre en place les démarches nécessaires à l'arrêt de cette situation, la spirale du harcèlement aura bien plus de chances de s'arrêter. Et dès que le processus de "dire stop" est enclenché, cela peut provoquer un certain "regain d'énergie", chez la personne concernée. Il faut dire stop au harcèlement, il faut briser le silence. Même si on vous dit que vous êtes une balance. Voilà ma définition personnelle de ce que c'est, "balancer".

Un camarade de classe commet une petite ou grosse entorse au règlement d'un établissement scolaire, qui ne nuit à personne. C'est-à-dire, par exemple, utiliser son téléphone portable dans l'école alors que c'est normalement interdit. Et, celui qui le voit, va le dénoncer. C'est totalement injuste. C'est ce que l'on peut appeler "balancer quelqu'un", puisque c'est injuste et que cela ne nuit normalement à personne(sauf s'il s'agit de harcèlement, encore une fois, bien sûr).


Ensuite, prenons le cas inverse. Un spectateur ou témoin voit une rafale de moqueries et de brimades envers une tierce personne. Puisque cela constitue du harcèlement, dans le cas où il y aurait répétition de l'événement, aller en parler à un(e) adulte de confiance, ce n'est absolument pas balancer, c'est, bien au contraire, dénoncer une situation de harcèlement, de mise en danger d'autrui. Et même s'il n'y avait pas eu répétition il peut être bon d'en parler. Pire encore, en regardant sans rien faire, on devient alors témoin et complice de cette situation. En ne disant rien, on participe à ce que cela continue. Il est absolument indispensable que la cible de cet enfer ose parler, elle ne doit pas avoir honte de ce qu'elle subit, c'est au contraire les "coupables" qui doivent se sentir honteux d'avoir agi ainsi. Il faut donc que cible et témoins continuent de parler, même si les adultes ne souhaitent pas les entendre. L'un d'entre eux pourrait très bien enfin se révéler à l'écoute de vos problèmes et pourrait être à même de vous aider. Se taire ne constitue pas une solution mais au contraire un enfermement pour la victime. Se murer dans le silence permet aux harceleurs de continuer leur jeu infernal. Ainsi, si l'on vous dit que vous "êtes une balance" parce que vous allez parler, n'y prêtez pas attention. Et lorsque vous allez parler, tâchez de demander au moins plusieurs choses, qui semblent nécessaires à l'arrêt de cette situation :

-Un suivi de la situation de harcèlement
-Avertissement, puis sanctions.
-Absence de représailles

Le suivi se déroulerait via plusieurs convocations des intéressés afin de faire le point à la fin de la semaine, par exemple. Elle doit s'accompagner d'une prise de conscience des conséquences du comportement pour les harceleurs. Il serait un peu "lourd" de les convoquer à chaque fin de semaine alors cela peut s'espacer de deux à trois semaines, puis par mois. L'autre solution consiste sinon à inciter la victime à parler, dès qu'il y a un problème. Première fois : avertissement. Seconde fois : sanction "cool", c'est-à-dire, des lignes ou une retenue, selon l'âge de la personne. Troisième fois : on double le quota de la retenue. Quatrième fois : exclusion temporaire. Au bout de la cinquième fois : conseil de discipline, convocation des parents, et dernière chance. La sixième fois serait ainsi sanctionnée par une exclusion définitive de l'établissement.

Il s'agit là d'une vision peut-être idéaliste... mais nécessaire. Cela devient trop compliqué, trop complexe, trop ennuyeux à mettre en place ? Tant pis, si vous êtes chef d'établissement, s'il vous plaît, forcez-vous. Cela risque de devenir bien plus ennuyeux si la cible des moqueries se retrouve à n'en plus pouvoir. Le harcèlement scolaire présente de réels risques de suicide. Alors la mise en pratique peut être ennuyeuse, mais cela risque d'être encore plus ennuyeux pour vous par la suite, cela peut avoir de graves conséquences.

Chaque avertissement et sanctions devraient d'ailleurs être accompagnés d'une prévention des conséquences, du ressenti, etc. Lors de la première retenue, vous pouvez par exemple demander à la personne de commencer un exposé ou "topo" sur le harcèlement scolaire, et les axes qui vont avec, à savoir : récits, conséquences possibles, solutions, etc. Petit à petit, il se peut que celle-ci prenne enfin conscience de ce qu'elle a réalisé. La seconde retenue devra s'accompagner du même type de prévention, mais en approfondissant encore le sujet.

Lors de la convocation des harceleurs, tâchez de leur faire comprendre que s'ils commettent des représailles, la sanction sera encore plus lourde pour eux. Et surtout, ne les prévenez pas de la graduation de vos sanctions, ils pourraient en profiter pour s'amuser jusqu'au bout avant d'arrêter, s'ils connaissent à l'avance les conséquences de leurs actes, par rapport aux punitions.

Enfin, malgré toute cette "procédure", cela ne signifie pas la fin de l'isolement de la personne. Pour éviter que celle-ci continue d'être isolée, il existe certainement des solutions. Parfois-et heureusement!- les harceleurs se rendent compte de leurs actes, s'excusent, et changent totalement de comportement, voire deviennent amis avec leur ancien souffre-douleur. Mais si le rejet continue-on ne parle pas de harcèlement ici-c'est triste à dire, mais le changement d'établissement pour celui qui a subi moqueries/brimades/autre, est envisageable. A plusieurs dizaines de kilomètres, pour qu'il n'y ait pas de rumeurs circulant entre les deux structures.

Sinon, si ce n'est pas quelque chose de possible, alors il faut en profiter pour acquérir de nouvelles connaissances ou compétences, pour travailler, et/ou pour lire. Si l'amitié nous construit et nous fait mûrir, il en est de même des activités que nous pratiquons. Participer à une activité qui nous intéresse permet également de connaître de nouvelles personnes susceptibles de partager nos centres d'intérêt, et donc de créer de nouvelles amitiés. On pense par exemple aux UNSS ou Associations sportives, souvent partenaires des écoles. Toutefois, si vous avez d'autres solutions pour créer de nouvelles rencontres positives pour les personnes qui se sentent isolées dans leurs écoles, nous accueillerons avec grand plaisir vos conseils, merci d'avance ;)